La qualité de l'air dans la région franco-belge entre le nord de la France, la Flandre et la Wallonie est un problème transfrontalier aux conséquences importantes sur la santé publique et l'environnement. Les particules, le dioxyde d'azote et l'ozone sont les principaux responsables, entraînant des décès prématurés et divers problèmes de santé. Plusieurs facteurs contribuent à la mauvaise qualité de l’air, notamment l’industrie, la circulation, les ménages et l’agriculture. Bien qu'il existe des initiatives telles que le projet TransfAIR et les zones à faibles émissions (LEZ) pour améliorer la qualité de l'air, l'harmonisation des critères et la coopération transfrontalière restent essentielles pour une approche efficace.
Des seuils d'alarme variés
Il existe des différences dans la manière dont les pics de pollution sont activés et les seuils d'alarme atteints entre la Belgique et la France. En France, les alarmes sont activées plus souvent en fonction de plusieurs mesures. En Belgique, les seuils d'alerte dépendent en revanche plutôt de prédictions. Il existe aussi une différence dans les seuils d'alarme pour les particules. En raison de ces écarts, les alarmes ne sont pas toujours activées simultanément entre les deux pays.
L'harmonisation de ces critères est compliquée, car elle signifierait que la Belgique devrait adopter les valeurs françaises ou vice versa, et cela ne concerne pas uniquement la zone Hauts-de-France, la Wallonie picarde et la Flandre. La solution la plus évidente serait de s’en remettre à des seuils au niveau européen à déterminer. Les lignes directrices européennes prévues pour 2026 sur les seuils d’alerte aux pics de pollution seront moins strictes que celles actuelles en France et en Belgique.
Les particules tuent
La mauvaise qualité de l'air a des conséquences importantes sur la santé publique et l'environnement dans le nord de la France, en Flandre et en Wallonie. La pollution atmosphérique ne connaît pas de frontières.
Les particules, le dioxyde d’azote et l’ozone sont les substances ayant le plus grand impact sur la santé, entraînant des décès prématurés. En France, la pollution de l'air est la deuxième cause de décès évitables, après le tabac : elle provoque près de 48 000 décès prématurés par an. Les particules sont quant à elle responsables d'environ 9 % de la mortalité en France. Dans le Métropole Européenne Lille (MEL), si les directives de l'OMS concernant les particules (PM2,5) étaient respectées, 965 décès (11,7% de mortalité) pourraient être évités. En Flandre les particules, le dioxyde d’azote et l’ozone sont les substances ayant le plus grand impact sur la santé, entraînant des décès prématurés. En 2023, on estime qu’environ 3 500 décès prématurés seraient dus aux particules (PM2,5), 1600 à l'ozone (O3) et 800 par le dioxyde d'azote (NO2).
L'impact des particules sur la santé peut se produire aussi bien à court terme (réactions inflammatoires des poumons, augmentation des maladies cardiovasculaires) qu'à long terme (accidents vasculaires cérébraux, problèmes cardiovasculaires, bronchite, asthme, cancer). La pollution atmosphérique due aux particules est considérée comme le problème environnemental ayant le plus grand impact sur la santé publique et les coûts socio-économiques en Europe.

Les humains ne sont pas les seuls à souffrir d’une mauvaise qualité de l’air. La pollution atmosphérique a un impact important sur les écosystèmes. Les pluies acides, causées par des composés soufrés et azotés, peuvent entraîner une acidification du sol et de l’eau, nocive pour les plantes et les animaux. Les dépôts d’azote peuvent conduire à l’eutrophisation, où un excès de nutriments réduit la biodiversité et entraîne la prolifération de certaines espèces.

Les causes d’une mauvaise qualité de l’air
La région frontalière souffre souvent d’une qualité de l’air relativement mauvaise, notamment le long des routes de liaison et dans les agglomérations. La pollution provient à la fois des activités locales (transports, chauffage, industrie) et du trafic de transit vers l'Europe du Nord et de l'Est.Un problème transfrontalier
La pollution provenant d’une zone peut se propager à d’autres zones, ce qui nécessite une coopération entre différentes régions et pays.
La Flandre, la Wallonie et le nord de la France mettent en œuvre diverses stratégies et mesures pour améliorer la qualité de l'air. L'approche comprend la coopération transfrontalière, la réduction des émissions dans divers secteurs, des mesures de mobilité locale, la surveillance et la fourniture d'informations.

Deux pays, trois régions
Quiconque souhaite surveiller la qualité de l’air dans sa région peut aujourd’hui consulter différents sites Internet, en fonction du pays et de la région où l’on habite. En Belgique, il s'agit d'une compétence régionale, deux autorités existent donc. Ils fusionnent leurs données dans Irceline, la Cellule Interrégionale de l'Environnement.
Protocole
L’Eurométropole Lille-Courtrai-Tournai a homologué en 2019 un protocole expérimental pour l'organisation d'une gestion conjointe de la pollution atmosphérique transfrontalière sur son territoire. Le GECT travaille avec d'autres partenaires à la mise en place d'un observatoire environnemental transfrontalier pour cartographier différents paramètres environnementaux, dont la qualité de l'air.
TransfAIR : une tentative d’harmonisation
Le projet Interreg TransfAIR a regroupé les centres d'observation de la qualité de l'air des 3 régions. Il s'est déroulé d'avril 2019 à septembre 2022. Son objectif principal : l'harmonisation des informations sur la pollution atmosphérique dans la région frontalière. Il visait à améliorer l’échange et la coordination des données sur la qualité de l’air entre les régions participantes. Malgré les progrès réalisés, le projet s'est avéré plus complexe que prévu. Les parties prenantes ont tenté de mettre en place un moyen de communication pour informer la population des trois régions frontalières et agir conjointement en cas de pics de pollution.
Zones à faibles émissions
La circulation est une source majeure de pollution atmosphérique. Elle émet diverses substances nocives, notamment : oxydes d'azote (NOx) dans les particules (PM2,5). Les gaz d'échappement des véhicules contiennent également de l’ozone et du monoxyde de carbone. Les véhicules diesel émettent beaucoup plus de NOx.
Des zones à faibles émissions (LEZ) ont été créées pour éloigner de la circulation les véhicules les plus polluants et ainsi améliorer la qualité de l'air au sein de la zone. Cela contribue à une meilleure santé des résidents locaux.
Il existe des zones à faibles émissions (LEZ) dans la région frontalière entre la Flandre et le Nord de la France. Plus précisément, Gand et Anvers, en Flandre, disposent d'une LEZ. Bruxelles dispose également d'une LEZ avec des conditions d'admission similaires. Dans le nord de la France, une vignette environnementale est obligatoire dans les 95 communes de la métropole lilloise.

LEZ métropole Lille
- La zone de faibles émissions (LEZ) à Lille a été instaurée le 1er janvier 2025.
- Cette LEZ couvre toute la région lilloise, soit l'ensemble des 95 communes de la MEL.
- L'accès sera limité aux véhicules munis d'une vignette verte, 1, 2 ou 3 Crit'Air.
- La LEZ est donc interdite sans vignette et avec les badges 4 ou 5 - donc interdite aux véhicules diesel d'avant 2006.